Syndrome d’Hubris ? Une nouvelle catégorie clinique est-elle née ?

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Connaissez-vous le syndrome d’Hubris ?

Cette manière de présenter cette problématique sous un angle provocateur est celle de David Owen. Cet anglais est expert à plus d’un titre puisqu’il est à la fois médecin, neuroscientifique et… homme politique ! Les études qu’il a menées pendant de nombreuses années sur la question l’ont amené à tirer la conclusion suivante : le pouvoir intoxique lentement mais sûrement ceux qui l’exercent et les conduit à développer une pathologie qu’il nomme le syndrome d’Hubris. Cette affirmation n’est pas nouvelle : le philosophe Pascal ne mettait-il pas en garde (déjà à son époque) les puissants de ce monde contre les excès de narcissisme auquel le pouvoir mène inexorablement ! Ce qui est nouveau en revanche, c’est de lui attribuer une dimension pathologique. En 2007, Owen publie un article intitulé Bush, Blair et l’intoxication du pouvoir, suivi une année après par la publication d’un livre (Dans la maladie et le pouvoir, 2008). Il y recense 14 symptômes permettant de décrire avec précision les signes cliniques du syndrome d’Hubris parmi lesquels : narcissique exacerbé, prédisposition à embellir systématiquement son image, impulsivité, agitation, tendance à l’exaltation, confiance excessive dans son propre jugement, sentiment d’omnipotence, perte de contact avec la réalité, tendance à se dédouaner de ses responsabilités au nom d’un enjeu « supérieur » (le seul « tribunal » que l’individu hubristique est susceptible de reconnaitre est celui de l’Histoire). À y regarder de plus près, certains signes cliniques ne sont pas propres à la personnalité hubristique : ils caractérisent également d’autres pathologies comme la personnalité narcissique, la personnalité antisociale ou encore la personnalité histrionique (trouble de la personnalité caractérisée par une tendance à la dramatisation et au théâtralisme, doublée d’une hyperexpressivité émotionnelle et d’une grande suggestibilité).

Mais pour Owen, le syndrome d’Hubris est un trouble spécifique qu’on acquiert uniquement lorsqu’on pénètre les hautes sphères du pouvoir (politique). Dès qu’on s’en éloigne, il disparait…

 

Le pouvoir a toujours exercé une fascination sur certains êtres humains, que ce soit sur ceux qui aspirent à l’exercer ou sur ceux qui le subissent (fascination pour le leader). Pour autant, concernant nos dirigeants, peut-on affirmer que c’est l’exercice qui est le seul responsable de cette manifestation psychique particulière? Le syndrome d’Hubris n’apparaitrait-il pas chez les personnes déjà enclines à manifester de tels comportements (qui posséderaient des facteurs prédisposants), auquel cas ce syndrome ne serait pas un trouble acquis mais pré-existant chez l’individu, l’exercice du pouvoir ne faisant qu’actualiser des potentialités de cet ordre ? Par ailleurs, si l’on s’en réfère aux signes cliniques, le syndrome d’Hubris ne concernerait pas uniquement les hommes politiques mais tous les individus qui détiennent une plus ou moins grande parcelle de pouvoir (policiers, contrôleurs, enseignants, supérieur hiérarchique, etc.) ?

Or, c’est ce dernier point sur lequel il est intéressant de s’attarder. Car si les individus ne choisissent pas de subir les excès de leur hiérarchie, c’est en toute conscience qu’ils acceptent d’élire des hommes au comportement qui peut s’avérer sérieusement pathologique.

 

Question : qu’est-ce qui peut bien pousser les individus à signer un chèque en blanc alors que les risques sont énormes (on se souvient par exemple des mensonges de Bush concernant les prétendues caches d’armes en Irak, mensonges qui ont failli conduire le monde à un nouveau conflit mondial) ? Est-ce leur besoin de leadership, c’est à dire leur besoin de sentir protégés et défendus? Fort de sa prétendue légitimité à agir au nom du mandat qu’on lui donne, l’homme politique aurait-il tendance à se prendre pour un demi-dieu ? Ce qui pose bien évidemment en filigrane la question du contrôle de nos hommes politiques.

 

Ce sont toutes ces questions auxquelles nous tenterons de répondre la semaine prochaine.

 

En attendant, même si tous les prétendants au pouvoir ne sont pas atteints du syndrome d’Hubris, ce sujet brûlant d’actualité devrait sans doute permettre de vous éclairer à quelques semaines de l’élection présidentielle.

 

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