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Ce que disent les dessins de nos enfants.

Article paru dans psychologie positive magazine.

Rien n'en dit aussi long sur le développement d'un enfant que ses dessins. Car la découverte du monde se fait aussi sur le papier.

 

La période de gribouillage : 1+.

La plupart des enfants commencent à dessiner vers 18 mois. Les premiers gribouillages viennent avec les premiers mots. Souvent, cela ne ressemble qu’à quelques traits jetés au hasard sur le papier ; pourtant, ils ont bel et bien une forme ! Après les premiers gribouillis, un enfant fait son premier dessin ovoïde. À partir de 2 ou 3 ans, il ne dépasse plus des bords de la page et on peut distinguer des formes circulaires. Il continue à s’exercer avec les formes rondes et, un beau jour, sa motricité est développée  au point qu’il est capable de dessiner un cercle d’une main ferme.

 

Des dessins qui ont une signification : 3+.

À partir de 3 ans environ, un enfant dessine des ronds et des traits : on obtient des soleils. Au début, son soleil surgit un peu partout sur la page. Mais, vers l’âge de 4 ans, l’enfant lui attribue souvent sa propre place en haut de la feuille. Pour la première fois, il nomme ce qu’il a dessiné. Un gribouillage a soudain un nom : « Regarde maman, ça, c’est toi ! ».

 

Couleurs et coloriages : 4+.

Les premières couleurs qu’un enfant préfère choisir sont celles que l’on voit le mieux, comme le rouge et le noir. Il colorie un tronc d’arbre en marron et les feuilles en vert parce que c’est la couleur qu’ils ont dans la nature. Vers 3 ou 4 ans, les enfants aiment aussi les livres de coloriage. « Certains parents pensent que le coloriage ne stimule pas suffisamment l’imagination, constate Theresa Foks-Appelman. Mais du point de vue de la motricité, colorier un dessin a une signification particulière. L’enfant doit tenir son crayon d’une certaine façon et colorier dans une certaine direction, sans dépasser les lignes. En outre, ce genre de coloriage est très relaxant, surtout lorsque l’enfant est fatigué. » Sur le plan intellectuel, il doit être en mesure de reconnaître les formes, explique la psychologue. C’est également le cas pour l’ensemble d’une scène – de quoi parle le dessin ? – et pour les détails – qu’est-ce que je vois et quelles sont les couleurs qui conviennent ?

 

La réalité invisible : 7+.

À partir de l’âge de 7 ans, les enfants sont conscients de leur apparence spécifique. Si auparavant toutes les femmes avaient des cheveux longs et les hommes un chapeau, désormais, ils se représentent, ainsi que les autres, selon la réalité. À cet âge, les enfants dessinent également des choses habituellement cachées, comme des chaises visibles à travers les murs de la maison ou le contenu d’un coffre. « À présent, les enfants dessinent ce qu’ils savent », explique Theresa Foks-Appelman. Selon elle, cela est adapté à la phase de curiosité et au souhait de découvrir la réalité invisible. Un enfant de cet âge peut tout à fait s’imaginer que quelque chose qu’il ne voit pas est tout de même bien là. Les enfants commencent à s’entraîner à la perspective. Ils dessinent le monde vu d’en haut et les maisons sur le côté. Le fait que leurs dessins clochent du point de vue de la perspective ne les gêne pas. Ils dessinent ce qu’ils ont dans leur tête, et non pas ce qu’ils voient. À partir de cet âge également, les personnages commencent à bouger. Ils ne sont plus statiques sur le papier, mais ils marchent, font des signes ou du vélo. De farouches pirates et de dangereux monstres font leur apparition. Les enfants utilisent toute la page pour représenter une histoire, les différents événements étant disséminés sur le papier.

 

La réalité visible : 9+.

Vers l’âge de 9 ans, les enfants ne dessinent plus la réalité qui est dans leur tête ; à la place, ils veulent la représenter le mieux possible. Un important développement perceptible dans leurs dessins est le “chevauchement”. Pour la première fois, ils peuvent dessiner des personnages devant un arrière-plan ou en partie cachés les uns derrière les autres. Leur style change pour devenir souvent moins original. Ils reproduisent celui de leurs copains et copines. Ils deviennent de plus en plus critiques et déchirent parfois des dessins parce qu’ils ne ressemblent à rien.

 

Puberté : 12+.

Vers l’âge de 12 ans, les enfants sont vraiment conscients de leurs imperfections artistiques. Sur le papier, ils ne parviennent pas à représenter la réalité telle qu’ils se la représentent dans leur tête. Après l’école primaire, où ils dessinaient souvent avec plaisir, ils apprennent au collège le dessin technique. « Et comme les adolescents sont plus critiques envers eux-mêmes, il est possible qu’ils éprouvent moins de plaisir à dessiner spontanément », explique Theresa Foks-Appelman. Le monde véritable, mais aussi le monde dessiné, s’agrandit. Pour leurs dessins, les adolescents prennent souvent pour thème la science-fiction, des mondes surréalistes ou idéaux. Ils se mettent à recopier des héros de bandes dessinées et représentent ainsi leur propre monde en le relativisant et parfois sur le mode de la plaisanterie. Ceux qui dessinent bien sont complimentés non seulement par leurs parents, mais aussi par leurs professeurs et leurs camarades de classe. Les enfants dotés de ce talent l’exploitent souvent plus tard. Les moins talentueux dans le domaine peuvent chercher d’autres modes d’expression, comme la musique ou le théâtre.